LE SPORT

Publié le par gicquiaud

LE SPORT

 

POURQUOI LE SPORT? SA PLACE DANS LE TRAITEMENT:

 

Les enfants et les adolescents atteints d'infirmité motrice cérébrale, en raison de la gravité et de la multiplicité de leurs troubles, restent longtemps dans les centres de traitement. _

Les méthodes que nous avons décrites peuvent paraître aux plus grands et aux plus anciens assez monotones. _Depuis toujours, nous avons eu des ateliers d'adaptation au travail. Nous avions pu constater les importants_ progrès et le meilleur contrôle réalisés par certains athétosiques à la suite de la pratique de ce travail.

Notre propension à partir des goûts de l'enfant nous avait fait remarquer leur besoin spontané de jouer au FootBall, leur plaisir à pratiquer l'escrime il y a vingt-cinq ans déjà avec Monsieur Becque.

Notre recherche d'une motivation et d'un support concret nous a amenés à utiliser ces activités dans notre rééducation.

Il nous est apparu que l'adolescent I.M.O.C, était toujours au-dessous de ses possibilités, comme le sujet normal d'ailleurs. Il avait des possibilités d'apprendre et de s'adapter à de nouveaux gestes, il avait la possibilité d'avoir une meilleure force musculaire, une meilleure indépendance physique, en abordant ses problèmes d'une manière différente de celle à laquelle il avait adapté ses automatismes par la vie courante ou la rééducation classique. _

Ces nouvelles praxies, ce renouveau dans les adaptations posturales, musculaires, cinétiques, nous les avons trouvés pour le moment, en plus des activités de travail, dans la danse et les activités sportives.

Nous avons personnellement, la chance d'avoir avec Maître Collonges et Mademoiselle Vigneron, des maîtres d'armes et d'équitation, qui sont avant tout des professeurs de gymnastique (au Lycée Alain Fournier de Bourges) et ont une grande pratique des adolescents. Nous pouvons ainsi faire passer l'aspect pédagogique avant l'aspect compétitif proprement dit.

Et c'est bien là notre conception: le sport est pour nous un support, un moyen éducatif nous permettant de susciter de nouveaux progrès. Chaque discipline est particulière et c'est par la pratique de plusieurs sports variés que l'on peut obtenir un effet rééducatif tout à fait identique aux techniques classiques, avec en plus l'effet profondément stimulant du jeu, de la réussite, et parfois du championnat dans les rencontres sportives pour handicapés physiques.

 

       LE SPORT POURQUOI?

 

RENFORCEMENT DE L'OUTIL:

L'I.M.O.C. présente des troubles analytiques, des raideurs: spasticité, rétraction, rigidité, raidissement, des faiblesses musculaires.

Toutes les disciplines amènent un renforcement musculaire. On utilisera plus facilement la bicyclette, le tricycle, la course pour développer les membres inférieurs, les lancers pour la ceinture scapulaire, le fauteuil roulant pour les membres supérieurs.

L'haltérophilie, en développer coucher, est particulièrement intéressante chez l'hémiplégique en raison de la nécessité de l'action symétrique des deux membres supérieurs. Le tonus postural, la préhension sont particulièrement travaillés dans l'escrime et le tir à l'arc.

La natation fait participer à la fois les membres supérieurs et inférieurs avec des topographies différentes suivant les nages utilisées.

Les sports de balle, apportent un travail dynamique, une force explosive de l'activité musculaire.

Toutes les disciplines amènent à des sollicitations des amplitudes articulaires.

 

CONTROLE:

Les l.M.O.C. peuvent présenter également des mouvements anormaux ou de qualité anormale.

Il est certain que l'exercice corporel global de la natation, et de tous les autres exercices de développement est capital  pour l'élaboration, le contrôle des gestes utilisés.

Certaines disciplines exigent un bon contrôle du tonus: dosage en haltérophilie. En équitation aux membres supérieurs il faut relâcher d'un côté et ouvrir de l'autre. Ainsi à la carabine ainsi au tir à l'arc, certains dosages se font contre résistance, d'autres sans résistance.

Cette possibilité de dosage est liée aux possibilités de relaxation, de relâchement, mais dans certaines activités, la concentration nécessaire provoque une certaine tension musculaire: c'est le cas en Ping Pong, au Foot Ball, au Hand Ball. La peur et l'anxiété de la chute par exemple peuvent provoquer une tension due au risque, mais elle ne se manifeste qu'au tout début de l'apprentissage.

Toutes ces prises de conscience des contractions musculaires utilisées dans un but précis, amènent une meilleure sélectivité pour une meilleure précision et direction du geste. Dans le tir à la carabine, il faut, pour la réussite, pouvoir se contrôler pendant une fraction de seconde, pour appuyer sur la gâchette au moment où le but est dans la ligne de mire.

 

STRESS

Les mouvements involontaires, on le sait, sont exagérés par les afférences, les émotions, l'angoisse.

Les activités sportives soumettent les participants à des stress variés, des stimulations sensorielles nombreuses. Les relations avec l'extérieur sont nouvelles au début: le contact de l'eau, dans la natation, la hauteur, le déséquilibre du cheval, le bruit dans le tir à la carabine, la violence de la décoche dans le tir à l'arc, les attaques de l'escrime, la balle qui arrive très vite au Ping Pong, sont autant d'afférences nouvelles pour lesquelles il y a progressivement adaptation. L'anxiété en face de la compétition, la peur de l'échec, du succès, joue un rôle important déjà bien connu chez le sportif normal.

 

 

COORDINATION

Tous ces troubles sont un obstacle à la bonne coordination des mouvements.

On peut, pour le sport, distinguer:

- la coordination entre les 2 membres supérieurs qui intervient dans les activités en fauteuil roulant,

- la coordination entre la tête et les membres qui intervient dans la natation,

- la coordination oculomotrice qui intervient dans le tir à l'arc et à la carabine.

 

VITESSE

La plupart des I.M.O.C sont lents, soit quantitativement en raison de la difficulté de leurs gestes, soit qualitativement.

Sur le plan de l'efficience, il nous semble y avoir des différences qui nous amènent à faire des distinctions entre:

- la vitesse d'exécution,

- la rapidité, qui se caractérise par le temps mis à organiser un geste précis,

- la réactivité qui se caractérise par la possibilité d'utiliser vite le geste adéquat,

- le contrôle de la vitesse.

Nous trouvons la vitesse dans les courses. Certains réalisent très lentement le 60 mètres, qui devient alors vraiment une épreuve d'endurance, surtout pour le rééducateur qui le suit.

Pour la rapidité, interviennent les problèmes d'organisation du geste et de distribution; on la trouve dans le FootBall, l'escrime.

La réactivité est particulièrement intéressante. Elle demande la compréhension et l'élaboration d'une réponse. Elle est indispensable au Ping Pong, en escrime et dans les jeux de ballon, où il faut saisir le mouvement du partenaire ou de l'adversaire, prévoir la direction de l'impact, soit de la balle, soit de l'arme, prévoir et organiser son mouvement pour parer ou recevoir.

On la trouve aussi dans le Hand-Ball, où certains enfants ne savent pas se déplacer pour recevoir la balle ou tendre simplement les bras.

Le contrôle de la vitesse est nécessaire dans les lancers, les jeux de balle. Nous rejoignons ici la nécessité d'un dosage de la force musculaire dont nous avons déjà parlé.

 

EQUILIBRE

Tous ces facteurs instrumentaux occasionnent à l'I.M.O.C un problème d'équilibre. La bicyclette, le tricycle demandent une équilibration différente de la station debout; ils sont particulièrement intéressants pour les adolescents qui présentent des troubles de l'outil: à l'appui au sol, ils sont beaucoup plus stables. En bicyclette, la vitesse crée l'équilibre.

Comme la bicyclette, le cheval supprime l'appui au sol. Il est parfois surprenant de voir à la marche, avec un handicap considérable, des adolescents qui, à cheval, arrivent à une indépendance complète même au trot.

Les équilibres unipodal, bipodal, sont particulièrement travaillés dans les jeux de balle, les lancers, l'escrime. Ils demandent de faire face à des situations imprévisibles.

 

L'I.M.O.C n'a pas uniquement des problèmes moteurs, souvent la part des troubles gnosopraxiques est prépondérante. La structuration, la spatialisation, le limitent considérablement dans ses réalisations.

MAITRISE DU CORPS

On peut étudier d'abord la situation du corps par rapport à lui-même.

La maîtrise respiratoire est capitale dans l'haltérophilie, mais aussi dans la natation. L'apnée est également nécessaire dans le tir à l'arc et à la carabine.

En tennis de table, le sens des positions, la mesure du geste, le coup d'oeil, sont importants. Il exige de la concentration et une adaptation idéomotrice, une coordination oeil-main. Il demande un bon sens des positions.

Encore et surtout cette nécessité d'une maîtrise du corps se retrouve dans les lancers, l'escrime.

Le tir à l'arc demande l'organisation d'un geste complexe. Il y a là une praxie difficile à acquérir, les différentes positions et les différents temps du tir à l'arc étant parfaitement codifiés. La maîtrise et la concentration interviennent au moment du décocher. Il y a dissociation entre les mouvements des 2 membres supérieurs. Les problèmes de latéralisation sont résolus par l'utilisation d'arcs pour droitier et gaucher, mais il peut y avoir des problèmes oeil-membre supérieur.

Le tir à la carabine répond aux mêmes exigences de latéralisation, de coordination oeil-main; il exige aussi une maîtrise de soi et un contrôle de la respiration, mais les problèmes musculaires et d'organisation sont moins prépondérants.

 

SITUATION DANS L'ENVIRONNEMENT

On peut étudier ensuite la situation du corps par rapport à l'extérieur, à l'environnement.

Elle est capitale dans les activités de groupe. Dans le football, en plus des règles à respecter, la notion d'équipe introduit la notion de partenaire, de contact, de situation par rapport aux autres.

Dans l'escrime, il y a un vrai dialogue gestuel, les sensations transmises par l'arme sont prépondérantes. Il y a dans la leçon échange entre l'élève et le maître qui peut le contrôler en permanence. S'il n'y a pas de possibilité de communication verbale, la leçon peut ainsi être donnée à la muette.

La maîtrise du véhicule est essentielle dans toutes les activités en fauteuil roulant: propulsion manuelle ou podale, Foot-fauteuil, basket-fauteuil, courses de fauteuils. Les exercices de slalom introduisent la notion d'orientation.

Cette notion d'orientation, nous la retrouvons très importante dans l'équitation, pour les reprises, les voltes. Il faut comprendre une diagonale, changer de main, se diriger dans la carrière.

Dans la danse, il faut mémoriser les figures de l'espace successivement. Dans la danse en fauteuil roulant, l'espace prend plus de volume et c'est plus facile.

La notion de situation dans l'espace se retrouve dans le Hand-Ball, le Foot-Ball. Il faut savoir se placer, marquer ou démarquer.

Dans le lancer de massues, le tir à l'arc, il est difficile de faire acquérir aux I.M.O.C la bonne direction du fauteuil par rapport à la direction du jet.

Toutes ces notions se retrouvent dans un geste simple, élémentaire, nécessité par le sport, et qu'ils n'utilisent pas dans la vie courante: la possibilité de reculer. Ce geste est indispensable au ping-pong, à l'escrime pour le "romper" par exemple. Beaucoup d'enfants ayant des troubles de l'outil aux membres inférieurs quand ils marchent, ne trouvent leur équilibre que par la vitesse; s'ils s'arrêtent, ils tombent. Par contre, la station debout est stable. Le reculer, à partir de cette station debout stable, est un apprentissage difficile; les ataxiques par contre, bien que lents, n'y ont pas de difficulté particulière.

 

RYTHME

La notion de temps, de rythme, est essentielle dans la danse, mais les changements de rythme existent aussi dans les jeux de balle. La mémorisation du rythme, des enchaînements, l'adaptation idéomotrice, se retrouvent dans la pratique de tous les sports, particulièrement dans les lancers et le tir à l'arc.

 

LE SPORT COMMENT ?

 

Nous pouvons pratiquer 13 disciplines sportives. On peut distinguer:

- les activités qui participent à une meilleure indépendance dans la vie pratique. Ce sont les disciplines en fauteuil roulant, en bicyclette, en tricycle.

- les activités d'effort dont la dominante est l'endurance: la course, le football, le handball, la natation.

- Celles dont la dominante est la résistance: l'haltérophilie.

- Celles dont la dominante est la précision, la mesure et le contrôle du corps: les lancers, le tir à l'arc, le tir à la carabine, l'escrime, la danse, l'équitation.

Si nous pouvons utiliser ces activités dans un but de rééducation fonctionnelle, c'est parce qu'elles sont nombreuses. Si chez un handicapé dont l'infirmité est très localisée, il serait peut être possible d'utiliser une seule discipline, chez l'I.M.O.C dont le catalogue des troubles est complexe, il nous apparaît opportun d'insister sur le fait que la pratique des activités n'est une rééducation que par leur multiplicité. Chacune faisant intervenir un aspect moteur ou psychomoteur particulier, il y aura bénéfice, facteur de progrès, que dans l'interactivité de plusieurs disciplines, choisies de préférence dans une catégorie différente. Ce n'est que par cette complémentarité que notre rééducation par le sport est vraiment globale et fonctionnelle.

Si l'aspect médical est prépondérant dans l'exercice de ces disciplines sportives, la spontanéité, la richesse et la variété des activités en font oublier l'aspect contraignant et physiquement pénible.

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